VI.16.6 Pompeii. May 2005. Looking west towards entrance doorway to wide room of fullonica.
According to Sogliano, the entrance doorway threshold was made of lava.
In the left half could be seen a longitudinal track for fixing a board for closure.
In the other half (the right side) the track was missing, and the remains of a hinge proved that there had been a movable shutter of a door there.
In the south-west corner of the west wall is a doorway into what now appears to be a corridor leading to VI.16.7.
According to Sogliano, this actually led into a narrow room which was under the stairs from the peristyle of VI.16.7.
See Notizie degli Scavi di Antichità, 1906,
p. 350.
VI.16.6 Pompeii. May 2005. Looking west along corridor leading to VI.16.7
VI.16.6 Pompeii. May 2005. North-east corner of fullonica, with structure, possibly remains of tub or basin.
According to Sogliano, the walls were undecorated at the bottom to the height of the dado, and then above were crudely painted in white.
Leaning against the north wall would have been a wooden ladder, which probably led up to some rooms at the top of the House of the Golden Cupids.
Also against the north wall were a masonry structure with two steps.
To left were the remains of three low walls, arranged like fullonica tanks for treading pigment into cloth.
There were also the remains of a shallow tank.
See Notizie degli Scavi di Antichità, 1906,
p. 350.
Nicolas Monteix,
Enora Le Quéré, François Fouriaux, Sanna Aho, Brice Ephrem, Sébastien Lepetz,
Evan Proudfoot et Caroline Autret
École française
de Rome, Université de Rouen (Groupe de recherches en Histoire - GRHIS, EA
3831), Centre Jean-Bérard (CNRS/EFR, USR 3133), Institut universitaire de
France, en collaboration avec le Parco archeologico di Pompei.
Le matériel
suivant est © Ecole française de Rome.
Utilisation soumise à CC-BY-NC-SA 4.0
Voir http://cefr.revues.org/3548
Merci à Nicolas
Monteix et à ses collègues.
The following material is © Ecole française de Rome.
Use subject to CC-BY-NC-SA 4.0
See http://cefr.revues.org/3548
Our thanks to Nicolas Monteix and colleagues.
Composition de
l’équipe : N. Monteix, E. Le Quéré ; S. Aho
(archéologue), C. Autret (céramologue), Charles Bigo
(topographe, ESTP), Saverio De Rosa (numismate), B. Ephrem (ichtyologue),
F. Fouriaux (topographe), E. Proudfoot (archéologue), Spyridon
Tsiadis (archéologue), Baptiste Vergnaud.
Nous remercions
le Parco archeologico di Pompei pour nous avoir permis de travailler dans les
meilleures conditions, et tout particulièrement le prof. Massimo Osanna,
directeur général du Parc, la dott.ssa Grete Stefani, directrice du site, la
dott.ssa Silvia Martina Bertesago, fonctionnaire archéologue responsable de
notre secteur, Vincenzo Sabini, assistant technique, Domenico Busiello et Ulderico
Franco, responsables des dépôts.
Cette campagne de
fouilles s’inscrit dans un projet plus large (« DELPO : Espaces
urbains de production et histoire des techniques à Délos et à Pompéi »)
faisant partie des programmes de recherche quinquennaux de l’École française de
Rome et de l’École française d’Athènes. La fouille a été réalisée dans le cadre
d’une concession pluriannuelle (2018-2020) accordée par le Ministero per i Beni
e le attività culturali. La campagne de cette année s’est déroulée du 2 au 31 juillet 2018.
Le traitement des données stratigraphiques a été grandement facilité par
l’utilisation du Stratifiant, conçu par B. Desachy. Les photogrammétries
ont été réalisées en utilisant une licence Photoscan fournie par la TGIR Huma-Num.
Enfin, les données planimétriques ont été intégrées à un SIG développé sous
QGIS.
Cette première
campagne visait, par des nettoyages, à mesurer le potentiel des différents
ateliers étudiés et à effectuer des sondages stratigraphiques à des fins de
datation et de meilleure compréhension des aménagements productifs.
Une exploration
stratigraphique de la foulerie située en VI 16, 6 a été également menée au
cours de cette campagne (fig. 21). Elle a été somme toute réduite,
la majeure partie de la surface de l’atelier ayant été irrémédiablement
détruite suite à l’installation, peu après son
dégagement du matériel éruptif, d’une citerne destinée à alimenter les
fontaines de la Casa degli amorini dorati (Note 17).
Note 17: GSP
1905: « Mese di agosto. […] Nella fullonica No6 Ins[ula]XVI –
Reg[io] VI, si è costruita una piscina nel sottosuolo per stabilirvi la
conserva di acqua necessaria per i bisogni del giardino della contigua casa No7
detta “degli Amorini dorati”. […] Mese di settembre. […] Si è frattanto
ultimata la costruzione della piscina di cui è parola nel Giornale dello scorso
mese, nella Fullonica No6 dell’Insula XVI – Reg[io] VI ».
Fig. 21
– Pompéi, VI 16, 6. Plan des principaux vestiges mis au jour pendant la
campagne 2018.
Relevé,
dessin : S. Aho, E. Le Quéré, F. Fouriaux/EFR. Licence creative commons, © CC BY-NC-SA.
Après avoir
dégagé toute la surface de la pièce des remblais modernes, nous avons initié,
au nord et à l’ouest de la citerne, une fouille des niveaux conservés qui se
voulait exhaustive. L’allongement du temps de fouille sous les stalles nous a
empêchés d’atteindre ce but. De ce fait, et en raison des dégâts causés par la
citerne, la division en phases que nous présentons est tout à la fois sommaire
par moments et vouée à rester une chronologie relative.
Des niveaux
éruptifs anté-pliniens ont été observés à plusieurs
reprises en raison de leur excavation partielle par des fosses antiques. La
stratigraphie la plus importante a été documentée sous le mur nord de
l’atelier. Là, trois niveaux successifs ont été observés : un important
paléosol, dont seule la partie supérieure a été repérée (34,93 m s.l.m.) ; un niveau peu épais de cendres jaunes
(34,97 m s.l.m.) ; un possible second
niveau de paléosol (35,21 m s.l.m.). Enfin, des
niveaux de grey ash, correspondant à une phase éruptive survenue lors du
Ier millénaire av. n. è., ont quant à eux été
observés en trois points distincts, à des altitudes différentes, sans que leur
surface originelle n’ait été conservée (Note 18).
Note 18 :
Mur nord : 35,38 m s.l.m. ; coupe à
l’ouest de la citerne : 35,61 m s.l.m. ;
coupe à l’est de la citerne : 35,58 m s.l.m.
Miraculeusement
épargnés par la construction de la citerne, les restes d’un mur orienté
est-ouest ont été observés au sud-est de notre principal sondage sur une
longueur particulièrement réduite (0,35 m). Construit avec des moellons de
calcaire « du Sarno », ce mur n’est associé à aucun niveau de sol. Il
est hautement probable qu’il s’agisse d’une fondation dont l’élévation a été
progressivement détruite par les travaux successifs survenus dans cet espace.
Comme ce mur a été arasé sans laisser la moindre connexion avec des niveaux de
fonctionnement, il est impossible à dater.
L’unique élément
de la seconde phase d’occupation perceptible dans cet atelier est une fosse
d’un intérêt certain, tant par ses caractéristiques que par son mode de
comblement. Notons que cette fosse, qui se développe en partie sous les stalles
de la foulerie, n’a pu être intégralement fouillée. Son plan paraît avoir été
en 8 : la fraction qui a pu être observée s’inscrit dans une ellipse de
0,66 m de large pour 0,85 m de long ; cependant, elle ne se
referme pas et continue de s’étendre vers le sud-ouest après un rétrécissement
large de 0,45 m. Si sa profondeur maximale est de 0,80 m, ses parois
ont un profil variable : en U avec des pans inclinés sur les côté
nord et sud, convexo-concave à son extrémité nord-est. Il nous semble capital
de souligner que, pour autant que cela soit possible de l’observer eu égard à
sa situation et aux constructions survenues par la suite sur trois de ses
côtés, elle semble avoir été creusée directement dans les niveaux éruptifs,
dégagés de tout éventuel aménagement construit lors des phases antérieures. À
tout le moins, aucun d’entre eux n’est visible en coupe sur les côtés de la
fosse. Son remplissage, vraisemblablement réalisé en plusieurs étapes mais dans
un temps très réduit, reflète également ce point : on y retrouve les
différents niveaux décrits plus haut, mais presque sous la forme d’une
stratigraphie inversée. De même, bien qu’il soit trop tôt pour pouvoir
l’affirmer, le taux de matériel résiduel et issu du remaniement de couches
occupées détruites lors du creusement apparaît relativement réduit : la
première impression est que l’ensemble du matériel qui a été découvert dans le
remplissage y a été jeté volontairement au moment du creusement même. Enfin,
l’unité de ce remplissage tient également au caractère particulièrement meuble,
et parfois incohérent, des couches le constituant, à l’exception notable de la
couche initiant le comblement et de celle scellant la fosse.
En reprenant le
dépôt dans son ordre de constitution, la première couche à avoir rempli la
fosse est constituée pour l’essentiel de grey ash remaniée, mélangée
avec des charbons de fraction très fine. Son pendage laisserait supposer
qu’elle a été déposée depuis le sud-ouest, tandis que son caractère compact
pourrait être le résultat d’un piétinement léger. Un seul tesson de céramique
commune ibérique y a été observé. Dans la partie nord-orientale de la fosse est
ensuite déposé un niveau incohérent mélangeant charbons, cendres et os à une
matrice beige résultant du remaniement de plusieurs couches éruptives. Y ont
été mis au jour deux couvercles de céramique culinaire,
huit fragments d’un pot à cuire et sept fragments d’un bol à relief à
décor de demi-cercles concentriques et de perles (Note 19) (fig. 22),
dont on retrouve six autres fragments éparpillés dans les dernières couches du
remplissage.
Note 19 : Il
s’agit d’un bol entrant dans la série des bols « mégariens »,
« au décor macédonien » (« Halbkreisornamentbecher »,
« concentric semi-circle
bowls ») dont on trouve des parallèles à Délos (Courby 1922, no 30,
pl. 13 ; Bruneau et al. 1970, no D10
p. 241 et pl. 40 ; Laumonier 1977, pl. 45 et 112), à
Corinthe (Edwards 1975, p. 182-184), à Milet (Kossatz 1990, nos M262
et M434) et sur l’Agora d’Athènes (Rotroff 2006,
nos 400-401, p. 91 et pl. 68, 89 avec bibliographie
afférente). Cette production est datée entre le troisième quart du IIe s. av. n.è. et, au plus tard, le Ier s.
av. n.è. Elle pourrait être originaire de
Corinthe et avoir été copiée en Asie mineure (Callaghan 1978,
p. 59-60 ; Kossatz 1990, p. 110-111).
Fig. 22
– Pompéi, VI 16, 6. Bol « mégarien » trouvé dans la fosse
« rituelle ». Relevé photogrammétrique.
Cl. MIBAC/N.
Monteix/EFR, dessin E. Le Quéré/EFR. Licence creative commons, © CC BY-NC-SA.
Cet état pourrait
être partiellement lié au dépôt d’un aménagement de moellons sur les
trois quarts de la surface de l’ellipse formée par la fosse. En tout,
14 moellons et éléments principaux ont été disposés au fond de la fosse et
amassés en gradins sur une hauteur de 0,32 m (fig. 23). Les
moellons sont principalement en basalte, même si l’on note un moellon de
calcaire « du Sarno » ; certains d’entre eux présentent des
traces de mortier, signe de leur emploi antérieur. Associés à ces moellons, des
morceaux de béton de tuileau et des fragments d’enduits ont été trouvés, tandis
qu’au sommet de cet assemblage hétéroclite, un tesson de tuile, posé à plat, a
été observé. Sans véritablement constituer une construction au sens d’usage de
la maçonnerie, cet amoncèlement n’est pas le fruit hasardeux d’un jet
anarchique de moellons : en différents points, tous situés vers
l’extérieur de l’agrégat, des petites quantités d’argile crue ont été mises en
évidence entre les moellons (fig. 24). Enfin, dans les interstices
entre les pierres, plutôt dans la partie centrale, nous avons retrouvé le même
type de sédiment que celui de la couche inférieure. À l’exception de
quatre fragments du bol « mégarien » et de quatre fragments
d’un autre pot à cuire, aucun reste céramique n’a été observé ; en
revanche, nous signalerons la présence d’un clou. Au sommet de cet aménagement,
contre la paroi nord-est, une couche de cendres, allant jusqu’à 5 cm
d’épaisseur, contenant également quelques charbons, ossements animaux,
escargots et rares tessons, a été déposée (fig. 25).
Fig. 23
– Pompéi, VI 16, 6. Construction de moellons tenus à l’argile dans la
fosse « rituelle ». Relevé photogrammétrique.
Cl. MIBAC/N.
Monteix/EFR. Licence creative
commons, © CC BY-NC-SA.
Fig. 24
– Pompéi, VI 16, 6. Boules d’argile tenant les moellons extérieurs de
l’amas d’éléments de maçonnerie.
Cl. MIBAC/N. Monteix/EFR. Licence creative commons, © CC BY-NC-SA.
Fig. 25
– Pompéi, VI 16, 6. Couche de cendres au sommet de l’amas d’éléments de
maçonnerie. Relevé photogrammétrique.
Cl. MIBAC/N. Monteix/EFR.
Licence creative
commons, © CC BY-NC-SA.
Le reste du
comblement n’est pas véritablement unitaire en ce qu’il révèle les variations
de concentrations des différentes strates rencontrées lors du creusement de la
fosse et varie donc dans des nuances allant du jaunâtre au beige, tout en restant
d’une consistance particulièrement incohérente (fig. 26). D’une
couche déposée à l’autre, le nombre (NMI) de récipients de préparation
culinaire, de vaisselle de service et de consommation est sensiblement le même,
en dépit d’un volume de terre dans lequel ils ont été enfouis allant du simple
au double. La dernière couche se distingue en revanche par un nombre élevé de
récipients (NMI = 72) et par la présence d’une quantité importante de
matériel résiduel (NMI = 53, attestés par un seul fragment), presque
absent du reste de la fosse. La proportion des groupes céramiques reste
sensiblement constante avec un même rapport numérique des céramiques culinaires
et fines. À l’exception de cinq vases intacts, ces pièces de vaisselier sont
généralement brisées, mais fréquemment complètes et reconstituées à partir d’un
nombre réduit de fragments. La dernière couche de ce comblement, seulement
épaisse de 0,10 à 0,17 m est en ce sens particulièrement frappante :
sur les 72 individus répertoriés, 9 sont complets ou presque complets même
s’ils sont fragmentés en 4 à 12 tessons, tandis que sur les 24 de la
couche précédente, 9 autres sont complets ou presque complets.
Fig. 26
– Pompéi, VI 16, 6. Coupe est-ouest de la fosse
« rituelle ».
Relevé, dessin
S. Aho, N. Monteix/EFR. Licence creative commons, © CC BY-NC-SA.
En plus de cette
profusion de vaisselle, d’autres éléments renvoyant aux activités domestiques
ont été mis en évidence : un peson, des épingles, une boule de pigment
bleu, une statuette acéphale en terre cuite, deux monnaies de bronze, des
clous. L’inclusion la plus frappante reste un bloc parallélépipédique d’argile
verdâtre cinéritique (Note 20) d’environ 25 cm
de long pour 10 à 15 cm de large et d’épaisseur (fig. 27). Il
s’agit de la même argile que celle utilisée pour lier les moellons de
l’amoncellement. Une telle quantité étonne dans un site où les bancs d’argile
sont inexistants. Enfin, la fosse est scellée par une épaisse couche
(12 cm), très argileuse, dépourvue de matériel. Sa consistance au moment
de la fouille laisse supposer qu’elle a eu le temps de sécher avant d’être
éventuellement elle-même enfouie.
Note 20 :
Nous remercions vivement V. Amato pour ses observations sur ce bloc
d’argile qui ne saurait être d’origine strictement pompéienne.
Fig. 27
– Pompéi, VI 16, 6. Bloc d’argile dans le comblement de la fosse. Vue
de l’est.
Cl. MIBAC/N.
Monteix/EFR. Licence creative
commons,
© CC BY-NC-SA.
Le ramassage
manuel des vestiges s’est accompagné du tamisage à maille fine (2 et
0,5 mm) de l’intégralité des comblements fouillés de la fosse
(341 L). Les mailles ont été choisies pour récupérer l’ensemble des
données archéozoologiques et archéobotaniques. Cette
approche exhaustive a permis de constater que de nombreux restes osseux de
mammifères, d’oiseaux, de mollusques et de poissons ont été rejetés. Le sommet
du comblement a livré le plus de vestiges mais les concentrations les plus
fortes sont rencontrées au sein de l’amas de moellons. Le tamisage a favorisé
la récolte des éléments les plus petits, notamment des esquilles (n=1210) qui
n’ont pas pu être déterminées mais qui proviennent de petit bétail (porc et
caprinés). Pour ce qui concerne le poisson, le tri (Note 21) et les
dénombrements ont été opérés sur un assemblage de 5105 restes.
Note 21 : Le
tri a été opéré sur les refus de tamis de la maille de 2 mm. Les premiers résultats présentés ici ne prennent pas en
compte les refus de la maille de 0,5 mm qui seront triés prochainement.
Les mammifères
sont représentés par 152 vestiges. Les espèces présentes sont
exclusivement domestiques : le porc (88 restes), les moutons et les
chèvres (54 restes), le bœuf (9 restes) et un équidé (1 reste).
Les oiseaux sont essentiellement représentés par le poulet (21 fragments)
mais de l’oie et du pigeon sont aussi présents (1 reste pour chacun). Des
coquillages marins ont été retrouvés (47 valves). Sont représentés des
espèces habituelles de la zone : des palourdes, des amandes, des patelles,
des donax et un murex tuberculé. Des coquilles d’escargot gros-gris
(6 complètes et de nombreux fragments), qui est un escargot terrestre
comestible, ont par ailleurs été mises au jour. Pour ce qui concerne les
animaux domestiques, on ne distingue pas ces vestiges de ceux que l’on pourrait
rencontrer en contexte détritique. Les traces de découpe correspondent à des
préparations de boucherie (séparation des bas de pattes, désarticulation) ou de
préparation culinaire. L’analyse de la répartition anatomique des os ne fait
apparaître aucune particularité : toutes les parties des animaux sont
présentes. Ces observations sont similaires à celles effectuées pour les
poissons puisque les éléments mis au jour correspondent aussi à des épisodes de
préparation (tête de thon) et de consommation.
Les taxons de
poissons sont exclusivement des espèces marines. La liste fournie ici est non
exhaustive car le travail d’identification spécifique est en cours (Note 22).
Les ossements sont attribuables aux familles des muraenidae
(murènes), des congridae (congres), des anguillidae (anguilles), des engraulidae
(anchois), des clupeidae (sardines), des mugilidae (mulets), des scombridae
(thons, bonites, maquereaux), des labridae
(girelles), des moronidae (bars) et des sparidae (pageots, bogues, sars, mendoles). Cette
méthode d’échantillonnage exhaustif permettra à terme de comparer la part de
chaque animal dans l’alimentation. De nombreux fragments de charbons, parfois
de taille importante (ca. 3 à 6 cm), ont
également été ramassés manuellement. Le tamisage a été nécessaire pour
récupérer les éléments de plus petites tailles et les graines, parmi lesquelles
ont été reconnus pendant le tri des refus de tamis des noyaux d’olive
carbonisés et des pépins de raisins minéralisés.
Note 22 : La
nomenclature retenue est celle en cours de validité dans la base de données en
ligne Fishbase.
En termes de
datation, l’ensemble paraît assez cohérent. Nous nous limiterons ici à indiquer
une fourchette large fournie principalement par le bol « mégarien »
et l’absence de toute céramique sigillée, ce qui placerait le comblement de la
fosse entre le dernier quart du IIe s.
av. n.è. et le milieu du Ier s. av. n.è.
Le dépôt dans cette fosse contient donc principalement de la vaisselle de table
et de préparation culinaire – on note ainsi la présence d’au minimum
19 gobelets et 13 ollae – et
des restes de nourriture. Le point central de l’ensemble reste l’amoncellement
structuré des moellons « assemblés » les uns avec les autres par de
petites quantités d’argile crue. Il est difficile de ne pas noter que, dans cet
aménagement, toutes les parties constituant une maison, décor inclus, sont
représentées ; par ailleurs, le caractère intentionnel de la constitution
de cet amas est patent (Note 23). Le niveau de cendres observé au sommet de cet
aménagement semble avoir été rapporté : rien ne permet de supposer que le
foyer qui a permis de produire ces restes de combustion a été allumé dans la
fosse. En effet, ni le tesson de tuile ni les autres éléments alentour ne
portent de marque claire de soumission au feu. Il en va de même pour la
vaisselle : sur un total de 97 vases (NMI), une grande partie des
récipients de préparation culinaire (ollae, patellae) et de vaisselle de service (cruchettes à
paroi fine essentiellement) semble avoir été brisée avant leur dépôt dans la
fosse. En revanche, quelques récipients de consommation – et en
particulier quatre gobelets à paroi fine – ont été retrouvés intacts ou presque
dans les couches supérieures du comblement. Mis à part quelques fragments du
bol « mégarien » et ceux provenant d’un pot à cuire, retrouvés dans
les couches inférieures de la fosse, la plupart de la vaisselle semble avoir
été utilisée puis brisée hors de la fosse, avant d’y être jetée, après
l’érection de l’agglomérat de moellons.
Note 23 : Le
caractère casuel de la mise en place de cet amas de moellons liés par des
petites quantités d’argile – rarissime à Pompéi – doit être écarté.
Dès lors, cet amas pourrait correspondre à une « maison
symbolique », tous les éléments constitutifs de celle-ci étant rassemblés,
et, par-là, éventuellement renvoyer à une pratique rituelle.
Pour l’heure, les
différents éléments participant du comblement de cette fosse renvoient à des
interprétations divergentes : l’étude de la faune tendrait à indiquer une
simple fosse dépotoir, réceptacle de rejets de préparation alimentaire ;
les objets céramiques sont pour partie très fragmentaires et résiduels, mais peuvent
être quasiment complets et peu fragmentés ; entre deux phases relativement
claires du remplissage, un amoncellement structuré de moellons a été érigé, ce
qui pourrait renvoyer à une séquence pouvant être caractérisée de
rituelle. Dans l’attente de l’achèvement des études en cours sur les restes
végétaux et de faune (Note 24), on se gardera donc, par prudence, de proposer
toute interprétation univoque.
Note 24 :
S. Coubray (INRAP – MNHN) étudie les charbons,
B. Ephrem l’ichtyofaune, S. Lepetz les restes de faune, V. Zech-Matterne (CNRS – MNHN) les restes végétaux.
La difficulté
pour cette nouvelle phase est que l’essentiel des transformations n’a pu être
observé que par le biais du profil mis au jour par le creusement de la citerne
en 1905, et n’a, de ce fait, généralement pas pu bénéficier d’une véritable
fouille. Cette difficulté est évidente pour les niveaux partiellement dégagés
sur le côté oriental de la citerne. Sans que l’on puisse connaître les niveaux
sur lesquels ils reposent, il en va de même pour les niveaux observés sur le
côté occidental de la citerne, au sud, qui pourraient être une série de sols de
terre battue, en particulier le dernier d’entre eux. Le probable sol en terre
battue, observé sur une trentaine de centimètres de longueur à l’ouest, sur le
côté septentrional de la citerne, présente le même problème. Il est impossible
de déterminer quand il a été installé, d’autant qu’il repose directement sur un
niveau de grey ash. Toutefois, il est taillé pour l’installation d’une
large canalisation maçonnée, qui court de l’angle nord-ouest de la pièce vers
un conduit de citerne probablement antique et remployé lors de la construction
de la citerne contemporaine. Cette canalisation présente un conduit large de 0,17 m
et haut de 0,14 m ; il est inséré dans un puissant massif large de
0,35 m et dont l’épaisseur est de 0,42 m. Excepté pour la base du
canal proprement dit, dont les parois et le fond sont réalisés avec des terres
cuites architecturales, le massif de la canalisation paraît n’avoir employé que
des moellons de calcaire « du Sarno ». Un possible sol en terre
battue est déployé au-dessus de la canalisation après sa construction.
Ultérieurement,
ce dernier est excavé pour mettre en place un drain constitué, pour ce qu’il a
été possible d’observer, de deux amphores retaillées emboîtées l’une dans
l’autre : une Lamboglia 2 fichée sur une
Dressel 1 (fig. 28). Dans l’optique d’assurer leur stabilité,
un comblement de pierre a été utilisé pour remplir le vide laissé par le
creusement d’installation des amphores. Un niveau de préparation de sol, non
damé, a été fouillé, mais aucune trace n’a été perçue du sol proprement dit.
Peut-être faut-il associer ce niveau au sol observé dans l’angle nord-est de
l’atelier, avec lequel il n’existe toutefois aucun lien stratigraphique.
Fig. 28
– Pompéi, VI 16, 6. Drain composé d’au moins deux amphores emboîtées l’une
sur l’autre (vue zénithale de l’est).
Cl. MIBAC/N.
Monteix/EFR. Licence creative
commons, © CC BY-NC-SA.
Au cours d’une
phase successive, les premiers travaux réalisés apparaissent comme une
réparation du mur septentrional. Selon l’étude du bâti menée par F. Seiler
dans les années 1980, ce mur correspondrait à une réparation consécutive
au séisme de 62/63 (Note 25). Dans l’attente de pouvoir compléter notre propre
étude du bâti en l’élargissant aux différentes pièces de la Casa degli amorini dorati attenantes aux
ateliers VI 16, 3 à 6, cette proposition peut être
partagée : bien que majoritairement composé de moellons de calcaire
« du Sarno », le mélange avec d’autres roches tend à appuyer cette
interprétation.
Note 25 :
Seiler 1992, p. 83.
Ce n’est qu’après
avoir reconstruit le mur et remblayé les percements effectués que les travaux
de construction de la foulerie prennent place (fig. 29). Un
quadrilatère long de 2,07 m et large de 1,40 m est creusé dans
l’angle nord-ouest de l’atelier, sur 0,41 m au maximum ; son angle
sud-est est arrondi et un creusement similaire, bien que profond de seulement
une dizaine de centimètres, est également réalisé dans le mur occidental. De
manière assez étonnante, contre la seule paroi orientale de ce creusement, un
muret est érigé. Il s’agit d’un assemblage hétéroclite de fragments de taille
réduite, mal aggloméré à la terre contenant très peu de chaux et conservé sur
une hauteur de 0,19 m. Après le dépôt d’un remblai de nivellement, deux
stalles de foulerie sont construites. La technique de construction est la même
que pour le muret oriental, tout au plus la surface interne est plus soignée.
Les stalles sont profondes de 0,40 m à l’intérieur. Larges de 0,41 m
et longues de 0,67 m, elles ne présentent aucun revêtement hydraulique,
même sous forme de trace. En revanche, dans la plus occidentale des deux, de possibles
restes de bois ont été observés au nettoyage, laissant ouverte la possibilité
d’un cuvelage non maçonné. Une fois ces aménagements terminés, un niveau de
circulation est mis en place à une altitude de 35,60 m s.l.m. ;
de cette manière, il existait un niveau inférieur autour des stalles,
nécessitant de descendre une marche de 0,15 m depuis le probable niveau de
circulation dans le reste de la pièce, avant de franchir le muret des stalles,
se développant à 0,44 m au-dessus de ce niveau encaissé. Pour malcommode
que puisse paraître cette situation, elle peut être liée à la disparition
d’éléments démontés dans la phase successive. Sinon, elle renvoie, certes de
manière accentuée, à une organisation que l’on retrouve dans d’autres fouleries
de petites dimensions, où il existe le même type de ceinture autour des
stalles, à leur pied, pour empêcher les débordements de liquide (Note 26).
Note 26 :
Voir, e.g. la foulerie V 1, 2, nettoyée par M. Flohr (2011,
p. 2‑3), où un boudin en surépaisseur de 0,20 m enserre l’accès
aux stalles. Une entrée plus commode est toutefois prévue pour celles-ci.
Fig. 29
– Pompéi, VI 16, 6. Plan général des vestiges mis au jour pendant la
campagne 2018.
Relevé,
dessin : S. Aho, F. Fouriaux/EFR. Licence creative commons, © CC BY-NC-SA.
La phase
suivante, précédant certainement de peu l’éruption car restée inachevée, est un
moment de transformation de l’usage de cette pièce ouverte sur la rue. Après
une possible destruction des stalles ou l’amorce de leur comblement, le mur
nord subit une réparation très ciblée, avec l’adjonction d’un faux orthostate,
ce qui a nécessité une reprise partielle des fondations dans la partie
orientale du mur, puis la construction du massif maçonné permettant d’accéder à
l’étage. Les stalles sont comblées, et, pour autant que l’on puisse l’observer,
une grande partie de l’atelier est remblayée avec les déchets issus de la destruction
de la décoration pariétale.
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vésuviennes, mis en ligne le 11 septembre 2019. URL : http://journals.openedition.org/cefr/3548 ; DOI : 10.4000/cefr.3548